Hausse des violences, des cambriolages, dégradation des conditions de travail des forces de sécurité... Le ministre de l'Intérieur a passé sous silence l'échec de sa politique lors de ses voeux à la presse. Jean-Jacques Urvoas, secrétaire national à la sécurité, propose un décryptage des voeux à la presse de Brice Hortefeux.
1.) Violences, vols: une aggravation continue de la situation sur le terrain pour les Français
Ce qu'a dit le ministre: depuis huit ans, la délinquance a baissé, a affirmé le ministre de l'Intérieur, notamment cette année, de 2,1%.
La réalité: cette baisse est due à la forte baisse tendancielle des vols de véhicules depuis douze ans, qui recule grâce à la meilleure protection - alarmes et dispositifs d'immobilisation - offerte par l'industrie automobile. Ces vols étant très nombreux, leur recul fait mécaniquement chuter l'ensemble, qui n'a «aucune signification réelle».
Ce que vivent les Français: l'aggravation de la délinquance du quotidien est ressentie partout sur le terrain.
- violences physiques depuis 2004: + 16%.
- vols violents sans armes: + 6,7% depuis 2007 (+12,5% concernant les femmes).
2.) La hausse des cambriolages continue
Ce qu'a dit le ministre: «l'augmentation des cambriolages a été quasiment stoppée en 2010». (source)
La réalité: Cette statistique ne prend en compte que les cambriolages dans les locaux industriels et commerciaux.
Ce que vivent les Français: les cambriolages dans les domiciles ont progressé de plus de 12,5%, dont une hausse de 46% au mois de décembre à Paris.
3.) Une dégradation des conditions de travail des forces de sécurité
Ce qu'a dit le ministre: «le cap fixé par le président de la République est clair : nous ne lâcherons rien».
La réalité: le gouvernement et le chef de l'Etat abandonnent la sécurité.
Ce que vivent les Français: Le niveau des effectifs est inférieur à celui de 2002. 10.700 postes ont été supprimés depuis 2007. D'ici 2013 6.700 autres postes disparaîtront, selon les déclarations de Frédéric Péchenard et Jacques Mignaux devant l'assemblée nationale.
Jeudi, les socialistes ont appris les menaces de fermeture de deux compagnies de CRS, à Sainte-Foy-Les-Lyons et Marseille. C'est la première fois depuis 1944 qu'on supprimerait une compagnie de CRS.
Pour l'année à venir, 1.925 postes de gardiens de la paix et 757 postes de gendarmes disapraîtront.
Le résultat: des réformes inapplicables. Par exemple, avec les gardés-à-vue doivent maintenant aller dans les unités médico-judiciaires avec une escorte. «Pour la Loire-Atlantique, ça représente 25.000 heures, soit 15 à 16 personnels» explique Jean Jacques Urvoas. Une charge de travail impossible à absorber avec les réductions d'effectifs.
4.) Une agitation qui masque le vide de la pratique
Ce qu'a fait le ministre: des visites à Toulon, Hyères, Perpignan, Argelès, Lyon, Grenoble pour annoncer plus de moyens.
La réalité: Au total, cela fait à peine 30 adjoints à la sécurité en plus, qui ne sont pas des forces de sécurité de plein exercice: ils ne peuvent participer à des opération de police judiciaire ou de maintien de l'ordre.
Quant aux annonces d'unités nouvelles, ce n'est que le redéploiement d'effectifs qui existaient déjà sur le terrain. Les policiers de la force anti-émeutes inaugurée à Grenoble se trouvaient déjà tous en Isère, tout comme ceux de la brigade spécialisée de terrain lancée à Toulon.
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